Hommage aux fonctionnaires du MSPP
Gage, engagement, gageure. Gagner !
Lorsqu’on n’est pas dans
l’arène, on pense être en mesure de faire mieux que les gladiateurs. Ceux qui
ne sont pas dans le système de santé haïtien ou qui ne prennent pas le temps de
l’observer vraiment perçoivent les employés de la fonction publique comme des
fainéants. Jadis, je regardais d’en haut ces employés, qui, dans ma tête, ne
foutaient rien puisque le pays était si mal en point ; j’ai pu comprendre
que cela n’est pas du tout le cas. Le personnel administratif et les
responsables d’institutions du MSPP sont des héros.
Combien gagne un
directeur ? Combien gagne un responsable d’institution ? Combien
gagne un chef de service ou un responsable de programme dans le système de
santé ? Et par rapport à tout cela, que met-il en gage ? Sa famille : il travaille de 8
heures à 16 heures minimum et, chez lui, continue de bosser en finalisant ses
dossiers. Sa vie : il mange mal
au bureau, rentre chez lui très tard dans des conditions de transport
difficile, est identifié à l’État lors des kouri
port-au-princiennes d’où il sort plusieurs fois victimes. Son honneur : les employés de la fonction sont toujours
considérés comme des vauriens voraces qui sucent la mamelle du trésor public. Sa carrière : ils sont légions
ceux qui, malgré des spécialisations, des formations continues, des stages
importants ou des années d’expérience, passent toute leur vie au même poste
sans jamais recevoir une promotion ou une régularisation de statut. Son bonheur : le fonctionnaire
sait d’emblée que le bonheur n’est pas fait pour lui à moins qu’il ne prenne
son pied en faisant celui des autres. Bref, ces gladiateurs mettent tout en
jeu, gagent tout contre… l’espoir de réussir une Haïti meilleure !
Voilà la gageure.
Contextuellement, le 18
novembre 1803 était une utopie… elle a pourtant été réalisée. C’est ce qui en
fait une geste. Une épopée. Nous sommes fiers que nos aïeux l’aient gagnée
cette guerre de l’Indépendance !
Hier, aujourd’hui, demain, les
employés du MSPP s’engagent. Ils ne peuvent pas chômer, ils ne peuvent faire la
grève, ils sont obligés d’accompagner le peuple haïtien dans sa quête
inlassable d’un mieux être puisque ce dernier dépend surtout de leur fonction.
Ils ne peuvent pas bluffer. Ils n’ont pas droit à l’erreur. Quand l’un d’eux
manque à son poste le système est en détresse. Ils sont tenus de gagner la gageure, si vous me permettez
l’expression.
Et ceci n’a rien à voir avec
l’éthique, ni avec le fameux serment d’Hippocrate, ni avec la très belle prière
des infirmières, les cours de droits médicaux et de déontologie, c’est un acte de
citoyenneté. Une façon d’aimer son pays, sa ville, sa famille ; une façon
de s’aimer soi-même.
Wêchévains, DJAB
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