10e anniversaire du Centre Numa-Drouin : Pour conjurer la poisse des novembres
Le petit bâtard Narcès
Morelli, narrateur du merveilleux roman Mère-Solitude
d’Émile Ollivier, perdit sa mère Noémi assassinant Tony Brizo, l’exécuteur des grandes
œuvres du régime duvaliériste à Trou-Bordet, un mois de novembre ; plus
tard son père Edmond Bernissart mourut poignardé non loin du Pont-Rouge, encore
un mois de novembre. Narcès Morelli n’aime pas les novembres poisseux. Les Jérémiens
non plus.
Pour se venger de Jeune Haïti, après l’exécution de Marcel Numa et de Louis Drouin Jr, François Duvalier infligea à la ville de Jérémie le plus douloureux moment de son histoire : le massacre de familles entières, de membres de l’élite intellectuelle, de paysans ayant aidé les 13 jeunes insurgés. Ce massacre, connu sous le nom des Vêpres jérémiennes, est resté dans la gorge des Jérémiens comme une grosse bouchée de Tonm-Tonm difficile à avaler.
Aujourd’hui 12 novembre 2014, 50 ans depuis l’exécution de Marcel Numa et de Louis Drouin Jr, 50 ans depuis les Vêpres jérémiennes, 50 ans depuis que nous trainons le poids de ces évènements douloureux. Par devoir de mémoire, dans le but de faire le deuil collectif de cette période sinistre, le Centre Numa-Drouin, pour son 10e anniversaire présente toute une série d’activités culturelles : Exposition de photos et de documents sur la dictature de Papa Doc, le groupe Jeune Haïti et les Vêpres jérémiennes ; spectacle de slam Trous d’histoire (Collectif Hors-jeu) et de marionnettes (Ernst Saint-Rome) ; Festival CINuma-Drouin, projections de films sur la dictature, etc.
A travers ces activités commémoratives, le CND entend réaffirmer son engagement à accompagner tous les jeunes de la Grande Anse dans leur quête de vérité, de dignité et de justice sociale, d’identité et de valeurs humaines, du savoir et du savoir-vivre-ensemble ; apporter sa contribution au “Devoir de Mémoire” indispensable à la construction d’une société plus équitable et plus humaine afin d’enlever la poisse des novembres pour que plus jamais un petit Narcès Morelli n’ait rien à craindre d’eux.
Evains Wêche
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