Identité et Citoyenneté dans la Caraïbe

C'est le titre d'une conférence de Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis, anciene première ministre haïtienne. Identité et citoyenneté dans la Caraïbes a été présentée ce samedi 23 juin 2012, à 17 heures à la Salle Multimédia du Centre Numa-Drouin. La professeure s'est surtout concentrée sur notre histoire de peuple pour montrer que nous sommes restés trop longtemps en dehors de ce qui se passait dans notre zone et que le moment était venu de reconnaître la Caraïbe. Pour cela, nous devons nous reconnaître d'abord comme peuple caraïbéen ; nous devons savoir ce que nous représentions aux yeux de nos plus proches voisins et voir comment  nous rendre favorable leur regard.

Nous avons toujours eu des préjugés sur nos voisins : ce sont de petits pays, ils ne sont même pas libres et indépendants pour certains, ils sont aussi pauvres que nous, etc. etc. Même à l'école, on ne mettait pas la même exigence en ce qui a trait à l'étude de la Géographie et de l'Histoire de France ou des Etats-Unis qu'à l'étude des Etats Caraïbéens, sinon pour valoriser Victor Schoelcher, ce bon colon français. Pourquoi nous n'étudions pas à l'école les écrivains créoles alors que nous savons tout de l'histoire, même de la petite histoire, de la littérature française ? Beaucoup de jeunes littérateurs haïtiens ont entendu parler de V. S. Naipaul grâce au Prix Nobel, par exemple. C'est impensable ! Aimé Césaire n'est pas lu à l'école ! Bon, on va me dire que je cherche la petite bête étant donné que même nos écrivains ne sont pas lus à l'école, mais c'est tout simplement pas normal ! Nous avons toujours regardé la Caraïbe avec hauteur, maintenant elle nous rend la monnaie de notre pièce.  

La vérité est que nous avons peur. Peur d'eux, peur de nous-mêmes. Les Arrawaks que nous sommes redoutaient les Caraibes ; Dessalines redoutait les forces colonialistes implantées dans les Antilles, ce qui a justifié la Campagne de l'est. Quand cela aurait pu marcher, nous faisions la moue et les boudions hautainement. Aujourd'hui nous avons honte de nous, nous avons peur de leur jugement. Entre-temps, ils s'organisent. Haiti, grand signataire de Traité, pays membre fondateur de toutes les grandes structures organisationelles internationales a raté la CARICOM !

La conférence de Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis a suscité en nous le besoin de découvrir notre Caraïbe mais surtout le besoin de nous découvrir. Il y a une manière d'être haïtien qui dépérit. Cet haïtien dont parlait Price Mars, celui qui par sa fière posture dans les rangs s'identifiait. Qu'est-ce que nous avons perdu ? Comment le retrouver ? Plutôt, demandons-nous avec le Révérend Père Jomanas Eustache, docteur en Droit, comment commencer à vivre ensemble ?

La reconnaissance de l'autre passe par la reconnaissance de soi. Apprenons à nous connaître. Surmontons les préjugés. Nèg anwo/nèg anba, nèg andeyò/nèg lavil, CSL/LNA, moun Ste Hélène/moun Bordes, moun nwa/moun klè... Ce n'est pas ainsi que nous allons faire belle figure dans la Caraïbe, qui avait une si haute opinion de nous.

Wêchévains, DJAB

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