Commentaires à l’encre rouge


À propos de Contre toute langue et tout langage métropole des autres de Tetzner Leny Bien Aimé

J’ai lu avec attention l’article Contre toute langue et tout langage métropole des autres de Tetzner Leny Bien Aimé, publié sur le site www.paroleenarchipel.com en date du 13 février 2013, ainsi que la petite discussion qui a en résulté. Je me permets de ne pas résumer les propos de l’auteur et d’en référer directement à ces liens : http://parolenarchipel.com/2013/02/13/contre-toute-langue-et-tout-langage-metropoles-des-autres/ et http://parolenarchipel.com/2013/02/19/pour-repondre-a-une-critique-je-suis-loin-detre-critique-litteraire/ J’en viens rapidement à quelques considérations sur l’article.

Je ne comprends pas le bien-fondé de la problématique analysée par l’auteur. Pourrait-il nous faire comprendre clairement où, dans la littérature haïtienne actuelle, se situe la lutte français versus créole, langue/langage cardinal(e) versus langue/langage accessoire, puristes versus… ? Quels sont les auteurs haïtiens qui se réclament d’un parti ou de l’autre ? La démonstration de cette « taxonomie en langage littéraire » contre laquelle semble s’insurger notre « observateur littéraire » est aussi à faire, ce me semble.

La plupart des auteurs, ceux-là même que cite l’article, usent à la fois du créole comme du français sans préjugés. Historiquement, la bataille créole versus français a déjà été menée par un Oswald Durand, un Justin Lhérisson ou plus près de nous un Félix Morisseau Leroy, un Georges Castera Fils ou le colossal Frankétienne, qui, du moins en littérature, l’ont gagnée ! Josaphat Robert Large, Guy Régis Jr, Raoul Altidor, entre autres, peuvent en témoigner.

Dans un premier temps, j’ai cru comprendre que l’observateur littéraire s’en prenait à ceux qui ont tendance à classer, grouper les auteurs pour les « faire asseoir sur un même banc de classe » (comme dirait mon ami Duccha), donc les critiques. Ce qui serait assez intéressant, étant donné que, n'en déplaise à certains, l'analyse est rarement soeur de la création ; la méditation, passe (dans analyser, il y a un petit côté décomposer, disséquer, chirurscriptures, qui rebute la création et lui coupe les ailes ; dans méditer, il y a un côté respecter, presque religieux, un côté approfondissement, inspiration, qui suscite la création). Malheureusement, plus bas, il classe lui-même les auteurs en groupuscules s’inscrivant dans « un continuum langagier » (3e paragraphe), tout en reconnaissant le caractère univoque de leur démarche. Ouf!

Si l’on admet que « le style en soi n’est ni laid ni beau », que des goûts et des couleurs on ne discute pas, on comprend mal que notre observateur cite la grammaire parmi les règles sans rigueur ni logique, variant d’un individu à un autre ! Bien sûr que la structure de la langue évolue, les règles évoluent mais elles participent d’un accord tacite entre les auteurs et leur matériau (la langue). Victor Hugo recommandait à tout jeune écrivain de bien maîtriser la langue dans laquelle il veut produire. Il est incontournable que l’ouvrier se doit de bien connaître le matériau qu’il compte utiliser, non? (L'histoire de la roue à réinventer...) Un écrivain qui n’a cure de la grammaire de sa langue de travail me parait être un imposteur ! Sinon, soyez plutôt maçon, etc., etc.

On peut écrire comme l’on mange, oui. Mais rien ne dit qu’on doit manger n’importe comment. On mange aussi élégamment ! En puriste. Manger bien, cela s’apprend aussi.

Je ne suis pas né dans une famille d’écrivains, ce qui n’est dû qu’à un hasard, et je refuse de croire que ce hasard m’a fait souffrir avant de, afin de ou pour tomber éperdument amoureux des lettres ; je refuse de croire que cette souffrance pourrait me « donner une conscience plus aigüe de la langue, de ses spécificités, de ses images (sic), de sa richesse… » C’est trop simpliste. On est à deux doigts d'en déduire que celui/celle qui est né(e) dans une famille d'écrivains, héritier(e) d'une certaine pratique, n'est pas à même de développer cette conscience aigüe... puisqu'il/elle n'a pas souffert !

Quelque peu que soient mes mots
Arrangés en coup de boutoir
Ils briseront certaines têtes
Faute de tout détruire[1]
Mais de là à dire que la forme ou la manière d’arranger ces mots est aussi un coup de boutoir, j’en perds ma grammaire. La forme et la rhétorique participent des effets produits par le coup de boutoir mais le coup en lui-même, c’est le signe signifié (passez-moi l'expression, professeur Claude Vixamar !) le signe signifié qui le donne.


Écrire, ça s’apprend. C’est ce qu’on fait chaque jour, vous et moi, atteints de cette démangeaison des méninges et des doigts face à la page blanche. Critiquer les textes d'autrui demande un travail encore plus ardu, puisque c’est un exercice scientifique. D’où la position de Denise Bernhardt, qui, comme moi, semble ne pas saisir toute la portée de cet article bien écrit. Je comprends et partage la position des jeunes auteurs (formation de clan, de groupes organisés, de blogs multimédia) par rapport à une certaine mainmise sur la littérature, un impérialisme (pour parler comme un ami marxiste-léniniste que j’aime). Mais les bonnes manières pour répondre à un commentaire, cela s’apprend aussi. Surtout un commentaire d’une grande dame du métier !

Wêchévains, DJAB



[1] Extraits de Quelque peu que soient mes mots, Evains Wêche, Inédit.
 

Commentaires

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    1. Je lis le texte de Tetzner Leny Bien Aimé et le commentaire de Dénise, il n'y a aucun rapport, j'adhère à 99% au texte de Tetzner Leny Bien Aimé, pour ne pas dire 100%.

      La prochaine fois mon ami, défend une bonne cause.

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    2. Ah bon, je suis tombé sur une réponse de l'auteur, il a du talent, il est ou li sera critique, un pas pour Haiti : http://parolenarchipel.com/2013/02/19/pour-repondre-a-une-critique-je-suis-loin-detre-critique-litteraire/

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  3. J'ai jamais vu une nana aussi réactionnaire que Denise; c'est une vampire du moyen-âge. C'est une vielle dame qui espère bâtir une notoriété à faire des productions à quatre mains avec des auteurs haïtiens et qui affirme sans scrupule qu'à 76 ans elle tente des petites liaisons amoureuses ou sexuelle, avec des petits jeunes de la 20 vingtaine d'année (ayant à peine atteint : l’âge d’homme, si cet âge e xiste un jour.) des jeunes qu'elle pourrait être la grand-maman bien entendu, en bon créole Haitien c'est un «granmoun kannay», qualifions ça de malhonnêteté et de détournement de mineurs, aussi.

    Je suis étonné que pour vous Denise Bernhardt est grande dame du métier ! En fait elle ne représente rien dans le paysage français.-

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    1. Cher Jab La,
      Je suis désolé que vous ayez pris mon texte personnellement. La personnalité des intervenants ne me regarde pas. Que Denise ait eu 20 ou 76 ans ne me concerne pas. Qu'elle ne représente rien dans le paysage français ! Ce n'est pas à moi d'en juger (je ne suis même pas français !) Je crois que Denise est assez grande pour se défendre. Je crois aussi que j'ai le droit de réagir librement dans un débat public sur un blog littéraire ouvert à tous sans être taxé de partisan ni de défenseur de qui ou quoi que ce soit.

      Je suis un peu déçu, j'espérais des réactions sur mes commentaires du texte de notre observateur Lény que j'estime bien écrit. Mon propos cherchait à inciter l'auteur à approfondir ses réflexions, à préciser ou à revoir sa position. Nous sommes dans un débat littéraire pas devant un tribunal de moeurs que je sache ! Je juge Denise sur ce qu'elle a produit comme poésie. Je vous réfère à mon article sur L'Amour du monde, recueil de Denise Bernhardt et DUCCHA,article disponible sur ce blog.

      Je ne doute pas que Lény devienne/est un critique littéraire, je suis seulement désolé de la manière un peu chevaleresque qu'il a répondu au commentaire de Denise. Jugez par vous-même : http://parolenarchipel.com/2013/02/19/pour-repondre-a-une-critique-je-suis-loin-detre-critique-litteraire/ . Les bonnes manières ! «On n'est jamais trop poli», disait Joubert.

      Salut, camarade !

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