Quand les arbres poussent des poèmes
Les activités
autour du Festival Les Escales de Binic se poursuivent et sont menées à brides
abattues sous la houlette de la Chargée de mission du Conseil Général des Côtes
d’Armor, Mme Dominique Guilmin. La délégation haïtienne composée des écrivains Jean-Claude
Fignolé, Claude C. Pierre et Evains Wêche, a rencontré les élèves de
l’Etablissement Public d’Insertion de la Défense (EPIDE) de Lanrodec.
En France, les jeunes
en risque de marginalisation et un peu paumés ne sont pas du tout rejetés par la société. Ils sont accompagnés par le gouvernement, encadrés par les conseils généraux des departements, secourus par la communauté. On leur donne une deuxième chance. Venus d’horizons divers, ils sont pris en charge par l’Etablissement Public d’Insertion de la Défense (EPIDE). En Bretagne, il est situé à Lanredoc, à 30 minutes de Binic. Dans le cadre du Festival Les Escales de Binic, les elèves recueillis par ce centre de formation et d'insertion ont présenté un travail
pédagogique étonnant sur l’esclavage et la traite des nègres dans l’Amérique,
principalement Haïti.
À travers
des planches illustrées par des collages de photos et des extraits de textes, ils nous ont vite saisis par les tripes. La souffrance des esclaves causée par les conditions infrahumaines qu’ils vivaient, imposées par les colons et leur fameux Code Noir, était palpables sur les feuilles de bristol et dans les exposés. Ces jeunes ont aussi découvert la riche littérature haïtienne, qui
les a révélé à eux-mêmes. Une partie de l’exposition représente un arbre
fleuri de plusieurs textes d’écrivains antillais (Célie Diaquoi, James Noël,
Nicolas Guillén, Jean-Claude Fignolé, Ida Faubert, Claude C. Pierre, Louis-Philippe
Dalembert, Marie Thérèse Colimon-Hall, etc.) et de poèmes écrits par des élèves durant les échanges avec leur professeur pour la réalisation du projet pédagogique. Ce moment
fort a particulièrement ému les écrivains invités et toute l’assistance.
Le poème de
la jeune Chahida, originaire de Mayotte (Afrique) présente Haïti comme le plus
beau pays du monde :
Au coucher de soleil, à la plage, on entend les
vagues de la mer si radieuse et si calme. Et au lever du soleil, on sent les
parfums des plus belles fleurs et la fraicheur des fruits si doux et appétissants.
C’est un pays qui est ouvert à tout le monde.
L’élève A. Dine
a tout à fait adopté Haïti :
Mon ile, c’est Haïti
Ton ciel, c’est mon bonheur
Ta mer, c’est ma mère
Ah ! Haïti, c’est fou comment l’odeur si parfumée me manque,
Et ces jolis visages qui t’entourent
Et qui font de toi la plus belle des iles
(…) T’as toujours su te relever même en étant blessée
Pas besoin de te parler pour qu’on se comprenne
Haïti ! Haïti ! Mon île est un vrai paradis
Les élèves
ont été particulièrement contents de rencontrer des écrivains de ce pays
étrange, le plus pauvre de l'Amerique, qui pourtant les fait fantasmer. La
douloureuse histoire et la riche littérature d’Haïti ont été à l’honneur.
Lors du
déjeuner, les auteurs ont partagé un repas typiquement breton, le kig-ha-farz, sorte de pot-au-feu à base
de sarrasin (blé noir), de viande de porc et de légumes, que Stendhal ne semblait
pas trop aimer… Jean-Claude Fignolé a formulé des propos émouvants à nos hôtes pour
les remercier de nous avoir chaleureusement accueillis. Il y avait comme une
électricité dans l’air, une charge émotionnelle assez puissante pour rendre
leur jeunesse à ceux qui pensaient l’avoir perdue au fil du temps.
Evains Wêche
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